
Résumé de l’éditeur : Sur l’ïle de Vancouver, se dresse un hôtel aux murs de verre, seulement accessible par la mer. Il est fréquenté par une clientèle exclusive qui veut rompre avec « la civilisation connectée ». Là, pas de wifi, pas de portable, on est au bout du monde. Paul, aspirant compositeur, et sa soeur Vincent, vidéaste amateure, travaillent tous à l’hôtel Caiette. Un soir, alors qu’on attend l’arrivée du milliardaire new-yorkais Jonathan Alkaitis, le gérant découvre avec horreur un tag gravé sur l’une des parois transparentes: « Et si vous avaliez du verre brisé ? » Qui est l’auteur de ce graffiti menaçant ? Est-il destiné à quelqu’un ? Dans ce havre de luxe, des gens se croisent, des destins se font et se défont. A l’hôtel Caiette, mais aussi à Vancouver et à New York, des vies vont prendre un tour imprévu et souvent dramatique. Comme un papillon au Brésil peut causer une tempête au Texas, un verre au bar de l’hôtel Caiette peut ruiner une existence…
Note de lecture : ❤️❤️❤️❤️❤️
Nous sommes au Canada. Plus précisément sur l’île de Vancouver, face à la ville du même nom, dans un hôtel très isolé, fréquenté principalement par des habitués venus prendre un peu de recul ou par des couples venus passés des vacances reposantes. Vincent, qui, comme son nom ne l’indique pas, est une femme, est barmaid de nuit dans cette hôtel. Elle est arrivée là un peu par hasard pour s’échapper de la ville et retrouver le calme de son enfance après une première partie de vie tourmentée, notamment par la disparition soudaine de sa mère. Elle partage désormais sa vie entre le bar de cet hôtel et le peu de personnes qui l’entourent, Paul, son demi-frère et Mélissa sa meilleure amie qui s’occupe du transport des clients entre le continent et les rives de l’hôtel. C’est une vie calme, apaisante et sans trop de contraintes, mais aussi sans vraie évasion. La nuit, seuls les insomniaques ou les arrivées tardives changent la routine de Vincent. Pourtant une nuit, l’arrivée de Jonathan Alkaitis, propriétaire de l’hôtel, qui n’y descend que 2 ou 3 fois chaque année, va tout changer pour elle. Habituée des conversations privées entre investisseurs ou grands patrons, elle est rarement partie prenante de ces rencontres. Elle sert au bar et fait son travail avec entrain. Elle va cette fois échanger directement avec Alkaitis et cette conversation va changer sa vie. Alkaitis lui murmure à l’oreille une proposition qu’elle devra accepter ou non avant le lendemain. Elle plaque tout, sans vraiment réfléchir, et laisse derrière elle son frère, Paul, accusé de dégradation volontaire à l’hôtel pour une gravure sur verre réalisée pendant la nuit ; et cet hôtel de Caiette, qui l’apaisait, pour suivre cet homme, Alkaitis, qu’elle ne connaît pas. Nous sommes en 1999 et sa vie va radicalement changer. Alkaitis est riche. Il a fait fortune en faisant fructifier l’argent de ses clients. Un investisseur de fortune reconnu et pour lequel beaucoup sont prêts à donner des millions pour en gagner le double. Vincent accompagne Alkaitis dans sa vie, ses soirées, ses sorties, elle est sa muse et sa vitrine. Vincent le sait, c’était le contrat. Pas vraiment d’amour, elle doit prétendre être la femme de Jonathan et faire de son mieux pour paraître aimante et le faire paraître plus humain aux yeux de son entourage et de ses relations professionnelles. Une vie de rêve ? Cette vie va pourtant changer de nouveau pour Vincent lorsque que des soupçons pèseront lourdement sur Alkaitis. Cette vie de rêve va vite se transformer en cauchemar. Et pas que pour Vincent. Jusqu’au dénouement… Aujourd’hui la réalité rejoint la fiction avec le décès récent de Maddoff. Ce n’est pas spolier le récit d’Emily St. John Mandel que de rappeler que les faits de ce roman rappellent étrangement des faits bien réels ceux-là ayant conduits à l’arrestation et la condamnation de l’ancien homme d’affaires. Le rapprochement s’arrête pourtant là. Cette fraude est le fil conducteur de ce roman, mais l’auteur a eu la brillante idée de nous la faire vivre de l’intérieur par les yeux et les oreilles de chacun des protagonistes. Alkaitis en premier lieu, dans son esprit torturé, certains investisseurs, mais surtout par Vincent, la supposée épouse du financier. C’est très prenant. Parfois déroutant. Les retours dans le passé ou les sauts vers l’avenir sont nombreux et il faut s’accrocher pour reconnaître tous les personnages, car certains, très importants ne sont cités qu’en début de roman mais ne réapparaissent qu’à la fin. C’est aussi un moyen d’aiguiser la curiosité du lecteur et de le maintenir dans l’histoire. Une belle réussite pour ce roman qui toutefois reste un peu difficile à lire, mais l’intrigue en vaut largement la peine.