Les Somnambules

Résumé de l’éditeur : Un nouveau monde, le nôtre ?Dans un petit village de Pennsylvanie, Shana surprend sa soeur, Nessie, quittant d’un pas résolu leur maison. Lorsqu’elle tente de l’intercepter, la petite fille ne réagit pas à sa présence. Mutique, absente, le regard vide, elle avance… Croyant à une crise de somnambulisme, Shana commence à la suivre. Rapidement, elles sont rejointes par un deuxième errant, frappé des mêmes symptômes que Nessie. Puis un autre. Bientôt, ils sont des centaines à converger vers la même destination inconnue, tandis que leurs proches, impuissants, leur emboîtent le pas. Très vite, cette mystérieuse épidémie enflamme le pays. Chuck Wendig tend à notre monde un miroir dans lequel se reflètent ses hantises les plus contemporaines : l’irruption de l’inconnu, la peur de l’autre, la défiance envers le gouvernement, la force rampante des discours religieux et extrémistes… Rappelant autant Le Fléau que The Leftovers, Les Somnambules est un portrait humain mais sans concession d’une société au bord de l’extinction.

Comment résumer un pavé de 1200 pages sans trop en dévoiler ? La critique de ce roman anxiogène va être aussi difficile que de refermer ce livre une fois qu’on l’a ouvert. Au début, on lit le premier chapitre pour se faire une idée et on est happé. Une écriture fluide, rapide et rythmée. On est vite plongé dans l’histoire. Dès les premières pages, on sent qu’on va accrocher et que cette histoire ne va pas nous lâcher.
Le pitch est simple, des marcheurs, les Somnambules, apparaissent aux États-Unis. Jusque là rien de surprenant. Sauf que le Troupeau grossit rapidement, des dizaines, des centaines de marcheurs rejoignent les premiers. Et tout cela intrigue à la fois le CDC pensant à une maladie contagieuse. Les complotistes ou suprémasistes blancs pensent que les somnambules sont des terroristes en puissance et qu’il faut les éliminer comme d’ailleurs la présidente Hunt qui de son côté ne fait rien. Une course contre la montre s’enclenche car personne ne connaît cette maladie, si c’est bien une maladie qui habite ce troupeau. Et à chaque troupeau, son lot de bergers. C’est aussi le cas ici. Les familles des somnambules sont là autour d’eux, les protégeant. Et bientôt des équipes du CDC dirigées par Benjamin Ray, Benji, se joignent à la marche. Mais, même ces spécialistes des maladies infectieuses ne pigent pas. Pire encore, l’intelligence artificielle Black Swan désigne Benji comme un guide potentiel et leur indique qu’un autre événement survenu en Floride pourrait être lié au troupeau.
Pourtant pas de lien direct, pas de croisement possible, le flou. Benji est perdu et son équipe aussi… Jusqu’à ce que Black Swan en dévoile un peu plus… Et on ne peut pas aller plus loin s’en trop en dévoiler…
Si ce n’est que dans ce premier roman fleuve, Wendig nous livre une fresque noire, avec des problématiques encore bien ancrées aux États-Unis, comme le racisme, suprématie tenace chez certains habitants. Certains pensent impossible de voir une femme présidente crédible, influence des croyances en tous genres, homophobie… Bref, tout y passe… Et notre réalité ne nous permet que de constater que tout cela se produit encore aujourd’hui.
Sauf que dans cette histoire, ces peurs sont exacerbées par un vent de panique qui souffle sur le pays à cause de ces Marcheurs. Chacun a sa propre opinion, ses propres croyances et les plus forts prennent rapidement le pouvoir et l’influence sur les autres…. Les méchants des uns deviennent les faibles d’autres… De trahison en trahison, les plus faibles s’enlisent et les plus méchants se révèlent. On ne sait plus qui est le vrai ennemi à combattre dans cette histoire, un virus, les somnambules, les êtres humains… et c’est bien le plus terrifiant !
Ce roman est passionnant et terriblement addictif. Son dénouement donne à réfléchir quant à nos perspectives de survie en cas de Pandémie dévastatrice… Un excellent roman à découvrir !